Le Danemark et l’Union européenne, une relation sereine après les turbulences

Depuis le 1er juillet, le Danemark préside le Conseil de l’UE. L'occasion de revenir sur la relation entre le Danemark et l'Union européenne.
Le Danermark et l'Union européenne, une relation complexe

 

Malgré sa richesse et sa grande histoire, le Danemark reste un pays peu connu de notre Union européenne. Fort de ses 5,96 millions d’habitants (Eurostat, 2024), il reste un “petit” pays de l’UE, avec une population comparable à celle de la Finlande, et quasiment deux fois inférieure à celle de son voisin suédois. Sa capitale, Copenhague, occupe une place majeure, si bien qu’un Danois sur cinq habite dans son agglomération.

 

Sur le plan économique, il est sans conteste l’un des pays les plus riches d’Europe (3e PIB par habitant le plus élevé) et l’un des moins inégalitaires (0,27 sur l’indice de Gini en 2020). Culturellement, le Danemark est très proche de ses voisins scandinaves, la Suède et la Finlande. Enfin, il est courant d’omettre que les territoires des îles Féroé et du Groenland font également partie du Royaume du Danemark. Cependant, ces deux territoires ont un statut particulier d’autonomie et ne font pas partie de l’Union européenne.

 

Le Danemark et l’Union européenne : une histoire tumultueuse

Même s’il adhère pleinement au projet européen, le Danemark a parfois fait preuve de méfiance vis-à-vis des politiques de l’UE.

 

Entre enthousiasme et méfiance à l’égard de l’Union européenne

 

Même si le Danemark n’a pas fait partie des six pays fondateurs de l’Union européenne, son arrivée dans l’organisation remonte à plusieurs décennies. En effet, les Danois adhèrent à l’UE en 1973, aux côtés du Royaume-Uni et de l’Irlande, formant ainsi le premier élargissement. Cependant, cette adhésion précoce n’est pas synonyme d’un enthousiasme pro-européen sans limite ; le Danemark a très souvent été enclin à la méfiance, rendant son histoire avec l’Europe pour le moins mouvementée. Cette méfiance s’explique notamment par la crainte de perdre son indépendance ; le Danemark étant un petit pays, la “peur de se faire capter par les grandes puissances” explique, selon le chercheur Henrik Larsen, son manque d’engagement européen.

La plus grande illustration de cet euroscepticisme a lieu en 1992, avec le Traité de Maastricht que les Danois rejettent par référendum. Un an plus tard, le Danemark, à l’instar du Royaume-Uni, refuse de prendre part à la zone euro. Encore aujourd’hui, le pays conserve sa propre monnaie, la couronne danoise, grâce à cette “opt-out” négociée via les accords d’Édimbourg. Cependant, le Danemark adhère à l’idée d’une libre-circulation des personnes dans l’UE, c’est pourquoi il est membre de l’espace Schengen. Enfin, en décembre 2015, un nouveau référendum européen est rejeté par les Danois, qui refusent à 53 % une coopération accrue en matière de défense européenne.

 

Un attachement certain et des objectifs en commun 

 

Malgré ces témoignages de réticence, le Danemark entretient des liens forts avec l’Union européenne, notamment au vu des valeurs qu’ils ont en commun, comme la liberté et la solidarité. Très impliqué dans la lutte contre les inégalités et le soutien social, le Danemark promeut une société collective et collaborative, tout comme l’UE. À cette vision commune s’ajoute des objectifs stratégiques et politiques communs, qui renforcent l’importance de la collaboration.

D’une part, le Danemark reste très concerné par les questions environnementales : 44 % de son énergie provient de sources renouvelables, ce qui le place au 3e rang parmi les pays européens (Eurostat, 2023). Il partage donc un objectif fort avec l’UE, qui cherche via le Pacte Vert à réduire les émissions pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

D’autre part, la question de la défense est devenue une source d’inquiétude centrale pour les Danois, depuis l’invasion russe en Ukraine. Illustration de cette crainte, le Danemark a complètement changé son fusil d’épaule en 2022, en intégrant la Politique de Sécurité et de Défense Commune (PSDC) de l’UE. Cette décision, adoptée par 67 % des Danois via référendum, revient sur le refus initial de 1992 et montre un changement de cap radical vers une défense européenne commune. Encore plus récemment, dans le contexte du désengagement des Etats-Unis dans l’Europe, le Danemark a annoncé vouloir augmenter massivement ses dépenses pour la défense d’ici fin 2025.

 

La présidence danoise du Conseil de l’UE : pour une Europe “plus sûre, verte et compétitive” 

 

C’est dans ce contexte particulier, mais aussi favorable à un resserrement des liens, que le Danemark a entamé ses 6 mois à la tête du Conseil de l’Union européenne. Cette institution, qui représente les gouvernements des États-membres, se réunit notamment pour élaborer la politique étrangère et de sécurité, adopter le budget et conclure des accords internationaux au nom de l’UE. Le pays présidant ce Conseil n’est pas élu : il change tous les six mois, de telle sorte que chaque État-membre puisse être à la tête du Conseil de l’UE dans un intervalle de 12 ans. Et il n’assure pas la présidence tout seul, puisqu’il est soutenu par les deux prochains pays selon la présidence tournante. Actuellement, le Danemark forme ce groupe, que l’on appelle « trio », avec Chypre et l’Irlande.

Pour sa présidence, le Danemark a défini ses priorités via un slogan fort : « Pour une Europe plus sûre, verte et compétitive ». Concrètement, cela se traduira par la mise en œuvre du plan Readiness 2030, validé en mars dernier. En matière d’environnement, le Danemark conduira les négociations autour du Pacte Vert européen, en instaurant des objectifs contraignants d’ici 2040 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, tout en gardant un objectif de compétitivité pour l’Europe. En outre, le pays souhaite lutter contre la criminalité organisée, et veut ouvrir la voie à un nouveau système d’asile européen.

Ainsi, nul doute que les prochains mois de présidence danoise seront décisifs pour l’Europe. En outre, la présidence du Conseil de l’UE aura aussi un impact fort sur la vie politique nationale des Danois, qui seront appelés aux urnes dès 2026 pour les élections législatives.

Pour comparer la notion d’inégalités entre différents pays, on utilise principalement l’indice de Gini. Cet indicateur (entre 0 et 1) mesure le degré d’inégalités de revenus entre les habitants d’un pays : plus il est proche de 1, plus les inégalités sont fortes. 

Suivant cet indicateur, la Slovaquie est le pays européen avec le moins d’inégalités (0,21, selon Statista en 2022). La France se situe juste au-dessus de la moyenne européenne (0,29), tandis que la Bulgarie est le plus inégalitaire de l’UE (0,38).

Malgré leur rattachement au Danemark, les îles Féroé n’ont jamais fait partie de l’Union européenne, notamment à cause de la politique commune européenne sur la pêche. À l’inverse, le Groenland a fait partie de l’UE avec le Danemark, mais l’a quittée en 1985 via un référendum, 12 ans après l’adhésion danoise. 

Le Danemark est une monarchie constitutionnelle, mais son roi, Frederik X, a une fonction strictement symbolique. Dans les faits, le pays est dirigé par la Première Ministre Mette Frederiksen, depuis 2019. Issue du parti Social-Démocratie (SD), avec lequel elle a remporté les élections législatives de 2022, elle devra à nouveau se confronter aux urnes en 2026.

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