Lituanie Lituanienne

Vilnius nous voilà ! Fraîchement débarqués (6h30!) nous sommes tout de suite saisis par la taille de cette ville qui tranche nettement avec l’immensité des boulevards de Varsovie que nous venons de quitter. En quelques pas, nous voici rendus dans notre auberge. Le centre de la capitale lituanienne est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO pour son architecture baroque. Le petit centre ville est effectivement un modèle du genre, ce qui pourra laisser les amateurs de légèreté plus sceptiques. Nous profitons des points de vue offerts par les collines pour embrasser les alentours dont le végétal ressort plus que le bâti. Nos déambulations nous amènent au musée du génocide sis dans l’ancien bâtiment du KGB lituanien. Après les cellules capitonnées et salle d’exécution, nous en sortons abasourdis. Ce petit pays balte a bien été pris entre les feux Allemands et Russes durant la seconde guerre mondiale…mieux valait avoir tourné sa chemise dans le bon sens si l’on voulait éviter tortures, emprisonnement et déportation dans les goulags sibériens. De quoi nous rappeler aussi que la pays a payé cher son indépendance. A ce propos et puisque nous sommes sur la route des pratiques collectives, rappelons ici l’épisode de la « Voie balte ». Afin de réclamer l’indépendance des pays baltes, le 23 août 1989, sans téléphones portables, sans Internet et ses réseaux sociaux, environ 2 millions de personnes se retrouvaient pour former une immense chaîne humaine de 560Km entre Tallinn et Vilnius. Cette manifestation pacifique d’ampleur (environ 1/3 des habitants des pays baltes) pour impressionnante qu’elle ait été n’a malheureusement abouti qu’à un durcissement de la position de Moscou à leur égard. Et ce jusqu’en 1991… car si la Lituanie a proclamé son indépendance le 11 mars 1990, elle devait encore faire face aux chars soviétiques en 1991. Le Kolkhoze de Kernavé Nous faisons une courte boucle vers Kernavé, à quelques dizaines de Kilomètres de Vilnius, le temps de traverser une banlieue soviétique, où des milliers de gens s’entassent dans des tours en béton délabrées. Kernavé est un village de quelques centaines d’âmes surtout connu pour sa richesse archéologique alors que son sous-sol regorge de témoignages historiques. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO pour cette exceptionnelle densité de vestiges (depuis l’âge de fer), un musée tout récemment ouvert retrace l’histoire de l’occupation du lieu par diverses implantations humaines. Kernavé était surtout pour nous l’occasion de rendre visite à Patrick Lion. Ce franco-finnois se bat depuis plusieurs années pour racheter un des derniers kolkhozes lituaniens, resté en état de l’époque soviétique. Outre sa lutte contre les administrations pour préserver la quasi intégrité de cet ancien ensemble productif agricole de l’époque, Patrick est très implanté dans la région grâce à son agence de tourisme et a su gagner la confiance des locaux. La reconversion du lieu a déjà bien avancé : un gîte/auberge et halte pour camping-car a ouvert ses portes… ce que nous avons pu tester grâce à sa généreuse invitation ! S’il maintient une petite activité d’élevage, son ambition est beaucoup plus large puisqu’il envisage d’ouvrir un site touristique de l’acabit du Puy du Fou, en tissant le fil des racines ancestrales des terres autant que l’histoire plus récente du kolkhoze. Le projet est encore en phase de développement mais l’idée d’une collaboration avec les villageois tant pour la construction que pour le fonctionnement futur est bien présente. Un projet à suivre donc !! Visa pour la République d’Uzupis De retour sur Vilnius, nous allons passer une nouvelle frontière, celle de la République d’Uzupis. N’auriez-vous jamais entendu parler de ce petit Etat ? A vos carte de géographie ! Allez ne cherchez pas trop longtemps non plus, cette république n’existe que dans l’imagination fertile des 7000 habitants de ce quartier d’artistes de Vilnius. Pourtant l’idée fédératrice est, depuis 1997, bien aboutie. Avec un président, des ministres, un drapeau et un hymne, le quartier a aussi écrit sa propre constitution en 41 articles et traduite en 8 langues. Une grande fête annuelle embrase le quartier et à cette occasion, les ponts qui séparent Uzupis de Vilnius deviennent autant de douanes percevant la taxe d’entrée. Si la dynamique artistique et culturelle semble s’être un peu essoufflée ces dernières années, l’ancien quartier décrépi et évité à la sortie de l’URSS, est aujourd’hui devenu un lieu dynamique attirant non seulement les touristes curieux et amusés mais aussi les riches investisseurs ayant des vues sur ce quartier agréable et proche du centre ville. En vélo ou en voiture ? La place prise par le vélo dans les différentes villes que nous avons traversées jusqu’ici nous a étonné. Pas tant à Berlin ou moins de 40 % des berlinois possèdent une voiture, mais bien en Pologne et maintenant en Lituanie, où la petite reine semble avoir ses adeptes pour les déplacements urbains. Tout n’est pas parfait, loin de là. Si les pistes cyclables sont bien prises en compte dans les aménagements nouveaux, elles se terminent bien souvent en cul de sac. Pendant ce temps, les automobilistes pressés jouent encore de leur carcasse métallique pour affirmer honteusement une certaine forme de supériorité sur les cyclistes….Alors pour faire valoir leurs droits et se frayer une place sécurisée sur la chaussée, tout ce qui a des roues mais qui n’est pas motorisé se retrouve un samedi après midi par mois pour une grande parade dans toute la ville. Ce sont alors près de 1000 vélos, rollers, skate boards, etc.. qui défilent dans les rues de Vilnius sous les yeux médusés des passants. L’écho est d’ailleurs intéressant côté municipalité puisque le maire de Vilnius s’illustrait dernièrement dans un clip à l’encontre du stationnement sauvage sur les pistes cyclables, court, drôle et efficace !! Quelques jours OFF sur les bords de la Baltique Histoire de faire un petit break avant de partir vers d’autres aventures, nous avons fait escale dans un merveilleux parc national ; l’isthme de Courlande. Loin des villes, nous nous installons à Nida, dans un hôtel brigué grâce à un énorme concours de circonstances, au sein d’une résidence, propriété du Syndicat des écrivains lituaniens. Perdus dans les dunes et les pins, en bord de Baltique, nous laissons nos ordis pour 48h et profitons de la nature pour flâner, nous baigner et pédaler. Une violente tempête (qui a ravagé la presqu’île !) aura raison de nos mollets et nous obligera à rentrer… non sans l’heureux hasard de croiser un sympathique couple de lillois, Antoine et Sandrine avec qui nous passons une excellente soirée à refaire le monde ! La douceur et la quiétude de cette escale laissent vite place à l’inconfort… départ à 3h40 de la 3ème ville du pays, Klaipéda (que nous avons largement arpentée) pour Tallinn où nous attendent de nouvelles aventures !