Jaaga, une expérience qui dure
Nous arrivons à Bangalore au petit matin. Jaaga nous attend. Derrière ce nom dynamique se cache un espace culturel alternatif et un lieu de coworking. Nous découvrirons ce projet de l’intérieur pour y loger. En effet Jaaga peut héberger une dizaines de personnes, majoritairement des artistes en résidence mais aussi quelques personnes dont le projet entre en résonance avec Jaaga. Le bâtiment est étonnant, un belle preuve d’architecture expérimentale basée sur le recyclage. Sa structure modulaire métallique est récupérée d’entrepôts de stockage, le même principe que les rayonnages de supermarché en plus grand. Poutres, poteaux et planchers viennent se clipser les uns aux autres, alors que les murs sont faits de grandes banderoles publicitaires de récupération. Une cour intérieure végétalisée vient offrir un espace central de restauration. L’endroit est agréable, loin du tumulte de la circulation voisine.
Notre immersion du quotidien dans le projet nous permet de rencontrer et d’échanger avec toute l’équipe. Shekar nous présente déjà les grandes lignes du projet avant notre entretien avec Arshana Prasad, la co-fondatrice et aujourd’hui directrice du projet.
L’histoire de Jaaga remonte à 2009 et débute sur un projet artistique. Face au prix exorbitant pour accéder aux galeries artistiques, un petit groupe d’artistes lance un projet pilote. Objectif : monter sur 12 mois un lieu qu’ils vont partager. Moyens : ils mettent chacun sur la table le montant qu’ils auraient dépensé pour louer une galerie. 24 personnes répondent à l’appel lancé, il est temps de trouver un lieu…ce qui n’est pas chose aisée. Cela laisse au groupe le temps de se constituer, de trouver ses marques de fonctionnement, de définir ses règles de gestion. Transparence (tous les comptes sont partagés sur Internet) et partage (une responsabilité tournante de 14j est définie). Deux rencontres clefs permettront au projet de voir le jour. Un homme d’affaire qui croit à la qualité du projet met à disposition les structures métalliques du bâtiment alors qu’un architecte, qui lui aussi adhère au projet, prête un terrain de 200m2 bien placé sur lequel l’expérimentation pourra voir le jour. Le projet est lancé. La construction du lieu entre en pleine résonance avec les principes collaboratifs du groupe. Chacun s’improvise ouvrier. Dans un processus organique où tout s’auto-ajuste, le bâtiment s’élève. Très vite, des premières collaborations se tissent. Des partenaires tel le Goethe Institut rejoignent la danse. Un site web collaboratif (wiki) est créé pour capter les attentes de Bangalore vis à vis du lieu. Plusieurs idées sont émises (une librairie, un bar, un resto, résidence d’artiste, lieu d’exposition, etc)… et sont montées. Pas de loyer à payer, les projets fonctionnent, les gens affluent, les partenaires soutiennent, le lieu aura cette première vie heureuse.
Juin 2011, vient le temps de l’adolescence
L’architecte souhaitant reprendre le bénéfice de son lieu, ce fût l’élément déclencheur. L’essence même du projet, son côté éphémère n’avait finalement jamais été éprouvé. Il était temps pour cette architecture de montrer sa réelle mobilité.
Équation où x+y= Victoire des communautés locales


