Blue Sun – Oulan Bator

Identifier des Utopies Réalistes, ce n’est pas toujours chose aisée. Malgré un long travail de recherche sur Internet, par le réseau d’amis ou par les réseaux sociaux, nous n’avons pas pu tout repérer à l’avance…loin de là. Alors dans chaque nouvelle ville, parlant de notre travail ici ou questionnant celui-là, nous essayons de voir si ne nous trouvons pas un nouveau projet à se mettre sous la dent. Dans cette série des belles découvertes de dernière minute, les « Blue Sun » d’Oulan Bator sont en bonne place. Bon filon potentiel de projet: les représentations françaises dans les pays que nous traversons. Le contact a donc été pris avec l’Alliance Française et nous avons rendez-vous avec Francky, professeur de Français. Nous déjeunons ensemble, le temps d’expliquer notre démarche et de recueillir son ressenti d’une vie en Mongolie. Il est en contact avec deux artistes, deux français qui sont insérés dans un collectif : les Blue Sun. Intrigués mais aussi quelque peu dubitatifs, nous prenons rendez-vous. Nous voici donc le lendemain à l’Alliance Française pour rencontrer Rose et Mathieu, dit Mata. Notre à-priori a vite disparu. Les deux compères nous expliquent rapidement leurs parcours et leurs travaux. Les deux sont tombés amoureux du pays et de sa culture. Ils se débrouillent déjà pour balbutier dans cette langue complexe à l’alphabet cyrillique et aux sonorités incomparables. Les Blue Sun sont un collectif d’art contemporain mongol créé en 2002. Depuis une dizaine d’année, la trentaine de membres du collectif mène un travail artistique critique, engagé politiquement. Ils montent plusieurs éditions d’un festival communautaire autour de la pratique du Land Art et bientôt une galerie, la Blue Sun Galery. Celle-ci aura fonctionné durant 4 ans mais a du fermer peu de temps avant notre visite faute d’un nombre suffisant d’artistes pour en assumer le loyer. Qu’importe, l’heure est à une nouvelle étape pour le collectif ! Le droit coutumier mongol offre la possibilité à tous ses citoyens de disposer d’un terrain de 700m2 pour vivre. Les membres de Blue Sun ont une idée en tête : utiliser cette loi pour mettre en commun leurs « 700m2 » et créer un village d’artistes auto-suffisant. Invités par Rose et Mata, nous rencontrons bientôt, le temps d’une soirée dans la banlieue d’Oulan Bator, le noyau dur du collectif et son leader Dalkha. Le moment que nous passons ensemble est une belle occasion pour échanger sur le projet commun, l’affiner aussi à l’aune d’un travail collectif dont nous nous inspirons les guides extérieurs. imgp8546_webLa dimension collective du projet n’en est encore qu’a ses prémices. Tous ont pourtant déjà une vision commune de l’attendu. Un village ouvert sur le monde qui soit la vitrine de cet art contemporain mongol, vitrine de cette « Terre de nomades », de cette « Terre de la rencontre ». Sur le modèle de la Yourte, ronde comme le cercle d’amis, toujours ouverte au visiteur de passage, le village sera un lieu de brassage, un lieu d’expression et de mélange. Alors bien sur, le plus dur reste à faire. Comment faire ensemble, comment s’organiser et tisser à 60 mains et plus encore, ce village ? L’un des membres lance« On a tous besoin d’argent », le modèle économique reste bien à construire. Dans ce pragmatisme incontournable, la part de rêve ne devra pas se diluer. Envie d’un lieu d’exposition, d’un restaurant, d’un espace de camping, d’une chambre d’hôte, envie de brassage, de proximité avec la nature, d’autosuffisance alimentaire, envie d’une utopie devenue réalité ! Bon courage à tous les Blue Sun, nous repasserons vite visiter votre village !